Certaines personnes prétendent que seule la censure étatique est problématique mais c'est complètement stupide. Comment si seule l'état pouvait constituer une menace à la liberté des individus. Il est évident que des personnes, des organisations non étatiques peuvent constituer une menace à la liberté des individus. Il faut relire les classiques de la tradition libérale (Tocqueville, Mill,…) qui avaient parfaitement conscience que la censure pouvait émaner de la société civile et pas seulement de l’état. Et que la censure non étatique pouvait être bien pire que la censure étatique. Un bon article sur le sujet : https://necpluribusimpar.net/censorship-is-bad-even-when-its-done-by-private-companies/ Il faut arrêter de croire que seul l’état peut représenté une menace pour la liberté c’est faux. Il est important d'avoir un texte de loi qui protège la liberté d'expression mais ce n'est pas suffisant. Encore, faut-il garantir en pratique l'effectivité de ce droit. La théorie c'est bien mais la pratique c'est mieux. En pratique, il est évident qu'une personne qui risque de perdre son job, se fait publiquement lyncher à cause de ces propos verra sa liberté d'expression menacée. Parce que cela conduira à l'auto censure. Non seulement de la part de cette personne mais également des autres personnes qui verront ce qui se passe quand ils parlent de certains sujets. Qu'il soit clair, la liberté d'expression ne protège pas contre les critiques. Vous êtes libre de dire ce que vous pensez et on est libre de vous critiquer. Mais il y a une différence de taille entre critiquer une personne pour ces propos et essayer de la censure (que ce soit en essayant de la virer de son job, en la diffamant, en la menaçant de mort et en la harcelant). Le harcèlement, l'incitation à la violence, les menaces de mort et la diffamation ne relèvent pas de la liberté d'expression. Pas plus qu'il est tolérable d'essayer de détruire la vie d'une personne parce qu'elle a des opinions qui nous déplaisent.
Il est clair qu'en pratique, si vous savez que tenir tel propos aura des conséquences négatifs pour votre vie (menaces de mort, harcèlement, perte d'emploi,...) ou que cela entrainera des réactions violentes, vous vous auto-censurez. Si la constitution protège la liberté d'expression ce n'est pas pour faire joli mais pour permettre aux gens de la pratiquer. Si la loi protège la liberté d'expression mais que dans les faits on ne peut pas la pratiquer à cause de l'action de certaines personnes c'est qu'il y a un gros problème. Je trouve délirant cette tendance à se soucier uniquement de principes abstraits sans vouloir prendre en considération la réalité. (Je vise particulièrement les défenseurs des droits de l'homme qui refusent de voir que de facto, les criminels menacent la liberté des gens. S'il y a de l'insécurité, les gens ne sortiront plus de chez eux. Voilà pourquoi certains pays d'Amérique centrale qui se sont démocratisés depuis les années 80 n'ont dans les faits pas vus leurs citoyens être plus libres que sous les régimes militaires. C'est à cause de la criminalité délirante dans ces pays. De jure, les gens sont bien plus libres qu'avant mais de facto, ils sont en réalité moins libres. Ils doivent limiter leurs déplacements pour éviter d'être victimes des criminels. Mon but n'est absolument pas de dire que les régimes militaires c'est bien. Ils étaient mauvais et corrompus, c'est juste de dire qu'il faut aussi regarder la situation réelle et pas juste la situation juridique. Le fait d'être un régime démocratique ne devrait pas empêcher de mener une profonde répression contre les criminels qui détruisent la liberté de leurs citoyens. Mieux vaut réduire les droits des criminels que réduire de facto la liberté des citoyens).
Les réseaux sociaux (Facebook, Twitter,...) refusent d'assumer la responsabilité des propos diffusés sur leurs plateformes. Ils se disent juste hébergeurs. Pourtant, de plus en plus, sous pression de la gauche, ils pratiquent la censure. C'est complètement incohérent avec leur statut. Soit ils assument le statut d'éditeurs de contenus soit ils n'ont pas à juger ce qu'il y a sur leurs plateformes.
Et vu la place que prennent les réseaux sociaux, c'est devenu d'utilité publique. Voilà pourquoi il est important de leur imposer un principe de neutralité. (La plupart des démocraties considèrent vitales d'avoir des médias publiques étant donné l'importance des médias. Il faut vraiment être aveugle pour ne pas voir l'importance des réseaux sociaux). Un réseau social ne devrait pas avoir le droit de faire preuve de partialité politique étant donné le rôle qu'ils jouent. Que des entités privés puissent avoir un tel pouvoir en fixant eux mêmes leurs propres règles qui en plus, sont appliqués de manière très arbitraires c'est quand même très gênant. D'autant que ces entités privés ne doivent pas assumer la responsabilité de cette censure et on ne laisse aucune réelle possibilité de recours à la personne censurée. C'est vraiment problématique. (Et il y a la censure directe mais il y en a une plus insidieuse qui consiste à invisibiliser le contenu: il existe toujours mais il est délibérément "caché" dans le fin d'actualité. C'est particulièrement vrai sur Youtube. En choisissant de mettre en avant des vidéos, Youtube influence ce que vont regarder les gens).
Et quand on voit l'extrémisme des employés de Facebook, il y a des raisons de s'assurer de la neutralité politique de Facebook. Ce n'est d'ailleurs pas seulement une question d'extrémisme: les modérateurs sont peu formés et ont très peu de temps pour décider s'ils censurent ou non. Résultat: la censure est complètement aléatoire https://quillette.com/2019/02/07/facebook-has-a-right-to-block-hate-speech-but-heres-why-it-shouldnt/
Sans parler du fait que des fois, les réseaux sociaux font des partenariats avec des journalistes sensés vérifier les faits. Les fact checkers sont en réalité extrêmement biaisés. Et quiconque a déjà observé sérieusement leur travail c'est rendu compte à quels points ils sont mauvais et partiaux. Ce sont des propagandistes. Un exemple parmi tant d'autres de pourquoi le ministère de la vérité mis en place par les médias traditionnels est dangereux : http://www.koztoujours.fr/mon-opinion-en-liberte-conditionnelle?utm_campaign=shareaholic&utm_medium=facebook&utm_source=socialnetwork C'est digne d'un Ministère de la Vérité.
Aux USA, des étudiants s’indignent que des profs de droits parlent de « violer la loi »: https://www.franceculture.fr/emissions/le-tour-du-monde-des-idees/pourquoi-cette-montee-de-lintolerance-sur-les-campus-des-etats-unis
Une autre émission intéressante à écouter: https://www.franceculture.fr/sociologie/generation-flocons-de-neige
Un article intéressant qui parle de la révolution culturelle chinoise (de ces ressemblances et différences avec la cancel culture); https://www.firstthings.com/article/2020/10/red-terror
Non on n’est pas à l’aube d’une révolution culturelle chinoise aux USA reste que la situation est inquiétante (et il y a certains points communs).
Le problème de censure au sein de l'université: https://threadreaderapp.com/thread/1093865364025475072.html Le vrai problème c'est l'autocensure qu'il y a au sein des universités. Les universitaires ont peur de dire certaines choses.
Un rapport vraiment très intéressant sur la censure dans le monde universitaire: https://cspicenter.org/reports/academicfreedom/ Le problème est loin d'être marginal. Ce qui est intéressant c'est de voir qu'une partie importante des universitaires, s'ils ne soutiennent pas ouvertement le licenciement d'universitaires controversés, ne sont pas pour autant opposés à ce licenciement.
Un texte écrit par des gens de gauche sur la liberté d'expression sur les campus universitaires: https://www.insidehighered.com/views/2019/01/23/partisan-politics-keeps-those-political-left-seeing-threats-free-speech-opinion?fbclid=IwAR1g0MA4PfSejOu_5gAWDKHcq7BBrwSfrDG08eIJaU9h41YLF9feqYiSZoc
L’autocensure d’un prof américain progressiste devant ses étudiants progressistes: https://www.slate.fr/story/102553/prof-americain-peur-etudiants-progressistes-autocensure
Pour plusieurs comédiens américains ancrés à gauche, la jeune génération d'étudiants crie si souvent au racisme et au sexisme qu’il n’est plus possible de faire du stand-up sur les campus. https://www.slate.fr/story/102719/humoristes-stand-up-politiquement-correct-facs-americaines
La culture de victimisation menace l'université: « La culture de la victimisation menace l'université »: https://www.lepoint.fr/societe/campus-americains-l-intolerance-au-nom-de-la-tolerance-11-06-2018-2226022_23.php
Un bon exemple du manque de liberté d’expression et deux poids deux mesures en fonction que l’on soit progressiste ou non: https://twitter.com/phl43/status/1047219892783656960
Documentaire : Qu’est-il arrivé à la liberté d’expression dans les universités américaines ? Université de Brown : https://www.youtube.com/watch?v=NRVJWE9rM10 Université de Yale: https://www.youtube.com/watch?v=4rWyHjpNmS8
Le pire c’est ceux qui nient cette cancel culture: https://quillette.com/2020/09/01/the-denial-of-cancel-culture/ Un thread intéressant sur le sujet de la cancel culture: https://web.archive.org/web/20201005132723/https://threadreaderapp.com/thread/1282756603754708999.html Un thread donnant des exemples de personnes annulées: https://web.archive.org/web/20201005133317/https://threadreaderapp.com/thread/1282404647160942598.html
Il y a d’autres exemples de cancel culture. Un qui est savoureux (cela se passe en Grande Bretagne):
La Free Speech Society de Bristol Uni souhaitait organiser un débat sur la liberté d’expression. Et devinez ce qui s’est passé ensuite: l’un des orateurs a été interdit. La censure des campus est hors de contrôle
https://www.spiked-online.com/2019/02/12/censored-for-trying-to-discuss-censorship/
Le problème est plus large: les universités américaines sont de plus en plus dirigés par des tarés. A côté, Trump parait sain d'esprit. Un exemple: une université a interdit de commémorer le 11 septembre pour « partialité » contre les musulmans: https://www.washingtonexaminer.com/red-alert-politics/campus-bans-sept-11-memorial-for-bias-against-muslims
Yale « décolonise » le département d’anglais. après avoir étudié des plaintes sur les préjudices causés aux étudiants par des auteurs blancs. Les étudiants ne sont plus obligés de suivre des cours d’anglais sur les auteurs blancs (comme Chaucer, Shakespeare,…) . https://www.thecollegefix.com/yale-decolonizes-english-dept-complaints-studying-white-authors-actively-harms-students/
Au nom de la diversité, Columbia rejette tout ce qui s’apparente à la « suprématie blanche ». Conséquence : les auteurs entre 1927 et 1977 ne sont plus enseignés. https://www.lepoint.fr/invites-du-point/chronique-d-un-etudiant-a-columbia-6-quand-l-obsession-decoloniale-fragmente-la-citoyennete-19-12-2018-2280639_420.php
En France, un professeur viré de son labo pour contestation de théories racialistes et décoloniales. https://www.lepoint.fr/societe/vire-de-son-labo-pour-s-etre-oppose-aux-theories-decoloniales-12-12-2018-2278861_23.php
Ce qui se passe aux USA est en train d’arriver peu à peu en France. Certes, à l’heure actuelle, le phénomène est encore marginale mais cela gagne peu à peu du terrain.
La guerre contre le savoir est engagée.
Ces gens prétendent défendre la diversité, mais pas celle des idées, en tout cas.
Cet article sur la « mouvance décoloniale » a l’Université est remarquablement documenté, factuel, précis…et inquiétant. https://www.nouvelobs.com/societe/20181130.OBS6347/les-decoloniaux-a-l-assaut-des-universites.html
Or, cette mouvance c’est les mêmes aux USA qui empêche la liberté d’expression dans les universités.
Une étude montre que les progressistes soutiennent la censure lorsque les femmes, l'islam ou les Noirs sont dépeints de manière négative.
Mais les progressistes n'ont aucun problème lorsqu'il s'agit de dépeindre les hommes, le christianisme ou les blancs de manière négative.
https://www.researchgate.net/publication/333677484_The_Ideology_of_Censorship
Un excellent livre à lire: "Génération offensée: De la police de la culture à la police de la pensée" de Caroline Fourest
Un autre bon livre à lire: "The Coddling of the American Mind" de Johnathan Haidt et de Gregory Lukianoff
Un article à lire: https://www.lefigaro.fr/vox/societe/2018/10/15/31003-20181015ARTFIG00174-le-droit-de-ne-pas-etre-offense-la-nouvelle-censure-qui-sevit-sur-les-campus-americains.php
Un autre livre à lire: "Springtime for Snowflakes: Social Justice and Its Postmodern Parentage" de Michael Rectenwald
Et "Cancel Culture: The Latest Attack on Free Speech and Due Process" de Alan Dershowitz
Un prof se suicide après avoir été harcelé par les bien pensants: https://www.franceculture.fr/emissions/le-tour-du-monde-des-idees/retour-sur-le-suicide-dun-professeur
https://www.thefire.org/largest-ever-free-speech-survey-of-college-students-ranks-top-campuses-for-expression/
«37% des étudiants de l’Ivy League déclarent qu’il est« toujours »ou« parfois »acceptable de crier un orateur, contre 26% des étudiants non inscrits dans les collèges de l’Ivy League.»
« Les étudiantes ont déclaré moins tolérer les locuteurs que les garçons. Les étudiants LGBT ont déclaré moins de tolérance pour les locuteurs que les étudiants hétérosexuels. Les étudiants noirs ont déclaré moins de tolérance que les étudiants hispaniques, asiatiques ou blancs. »
« Les étudiants des écoles de l’Ivy League étaient légèrement plus favorables à l’utilisation de la violence pour arrêter un discours sur le campus: un total de 21% ont exprimé un certain niveau d’acceptation de la violence dans ces cas. Les étudiants progressistes ont exprimé une plus grande acceptation de la violence. »
« Les étudiants s’identifiant comme extrêmement progressistes ont déclaré que la violence pour empêcher un discours ou un événement de se produire sur le campus était ‘toujours’ ou ‘parfois’ acceptable à un taux deux fois plus élevé que les étudiants s’identifiant comme extrêmement conservateurs: 13% à 6%. »
«60% des étudiants ont déclaré avoir le sentiment qu’ils ne pouvaient pas exprimer d’opinion à cause de la façon dont les étudiants, un professeur ou leur administration réagiraient. Ce nombre est le plus élevé parmi les « républicains forts » (73 %) et le plus bas parmi les «démocrates forts» (52 %)’ . »
Certaines personnes pensent que la solution c'est plus d'empathie pour diminuer la polarisation et donc augmenter la tolérance. Mais cela semble être une fausse bonne idée. `` L'empathie nous déchire '' https://www.wired.com/story/empathy-is-tearing-us-apart/